Open Data, données environnementales et transition écologique
Juillet 2023
L’Œil du gf2i – Open Data, données environnementales et transition écologique : producteurs et réutilisations
L’œil du gf2i : Open Data, données environnementales et transition écologique : producteurs et réutilisations
La crise climatique est l’un des plus gros obstacles que l’humanité n’a jamais eu à affronter. Dérèglement climatique, incendies, sécheresse et pollution sont autant de problématiques que nous subissons déjà et qui font prendre conscience au plus grand nombre de l’imminence de cette crise qui ne fera que s’intensifier dans les années à venir.
En parallèle, l’ouverture des données a pris de plus en plus de place dans les politiques publiques. Rendre l’accès aux données publiques le plus facile est vu par les pouvoirs publics comme un moyen de favoriser la transparence de leurs actions, d’améliorer la qualité des services publics et d’encourager la création de nouvelles utilisations innovantes de ces données par le privé.
La protection de l’environnement fait partie des objectifs principaux poursuivis par cette ouverture. D’abord énumérées au niveau international dans la Charte du G8 de juin 2013 pour l’Ouverture des Données Publiques comme données à forte valeur ajoutée pour une ouverture, les données environnementales font par la suite partie des données visées par les lois Valter et Lemaire de 2015 et 2016, qui posent respectivement les principes de gratuité des données ouvertes d’une part, et d’ouverture des données par défaut pour les organismes publics d’autre part.
Les grands producteurs de données environnementales et météorologiques sont-ils réceptifs à cette politique d’ouverture ?
Malgré l’exigence d’ouverture des données par le législateur français et européen, les principaux producteurs publics de données environnementales n’ont pas été aussi réactifs qu’espérés pour ouvrir leurs données.
En effet, la gratuité et la mise à disposition de données réutilisables sont deux difficultés contraignantes pour des producteurs de données qui jusqu’alors tiraient leur financement des redevances qu’ils percevaient en échange de leurs données, et qui assuraient donc une certaine qualité des services proposés. En outre, c’est un nouvel équilibre économique, ainsi que des dispositifs techniques spécifiques, qui ont dû être mis en place pour permettre à ces producteurs d’ouvrir gratuitement leurs données sans pour autant perdre en qualité et permettre une réutilisation convenable.
L’IGN (Institut national de l’information géographique et forestière) par exemple, acteur incontournable de la production de données géographiques, a pris plusieurs années avant de se résigner à se défaire des redevances et mettre en place en 2021 l’ouverture de toutes ses données sur une géoplateforme en partie financée par l’Etat.
Le cas de MétéoFrance est encore plus préoccupant, l’organisme n’ayant toujours pas ouvert gratuitement à la réutilisation ses données climatiques et météorologiques. L’établissement dispose pourtant d’indicateurs d’une grande valeur pour évaluer et prévoir les changements météorologiques liés au réchauffement climatique, comme l’indicateur thermique national ou encore l’indice d’humidité des sols. MétéoFrance a annoncé supprimer toute redevance et rendre gratuitement accessibles ses données sur une plateforme créée pour l’occasion d’ici la fin de 2023, mais il aura tout de même fallu attendre sept ans depuis la promulgation de la loi Lemaire pour ces changements.
Quels types de réutilisations des données ouvertes permet concrètement de lutter contre la crise écologique ?
L’ouverture des données environnementales est désormais bien pratiquée et plusieurs plateformes sont disponibles au public pour consultation libre. Cependant, il convient désormais d’utiliser ces ressources accessibles pour créer de nouveaux usages. On peut d’ores et déjà voir l’ouverture de ces données comme un outil de choix pour sensibiliser et éduquer les citoyens sur l’imminence de la crise qui les entoure, mais également pour suivre l’efficacité des politiques publiques en la matière. L’ouverture favorise également la collaboration entre les grands acteurs de la transition écologique, et leur permet de prendre des décisions à la lumière d’une quantité de données dont ils ne disposaient pas aussi facilement auparavant.
D’un point de vue plus concret, des initiatives de réutilisations ont déjà été mises en place par différents acteurs pour faciliter les actions individuelles de lutte pour le climat, en facilitant, par exemple, le suivi du bilan carbone personnel ou encore l’efficacité de la pratique individuelle de recyclage. L’ouverture des données a également suscité le développement de solutions de cartographie spécifiques qui permettent de prévoir efficacement les effets de la sécheresse, des feux de forêt ou encore des inondations causées par le réchauffement climatique.
L’innovation est un facteur clé pour encourager la transition écologique avec les données ouvertes. Plusieurs startups ont déjà fait le choix de leur réutilisation pour développer des solutions innovantes. Pour tirer le meilleur parti de ces initiatives privées, l’IGN a ouvert en juin 2023 un réseau ouvert appelé Datalliance, qui vise à fédérer les startups du domaine autour de la transition écologique et les faire coopérer avec le public pour développer leurs projets. Comme dans d’autres domaines de réutilisation, des hackathons thématiques sont organisés pour encourager le développement de nouvelles réutilisations innovantes des données ouvertes.
Si le sujet vous intéresse, nous vous invitons à suivre les activités de notre atelier Données Publiques et Open Data, qui entretient entre experts une réflexion sur l’ouverture des données en France. L’atelier se réunira notamment en septembre prochain pour faire le bilan des lois Valter et Lemaire précédemment évoquées.
En outre, nous vous invitons à suivre le travail d’OpenDataFrance, partenaire du gf2i, qui œuvre avec son projet « Données et transitions » à développer les meilleures conditions pour que la donnée serve la transition environnementale. L’association Latitudes propose également une formation à la réutilisation des données ouvertes avec son programme d’Open Data University.